La Profonde...
Entre mes cuisses
coule le sang des femmes,
entre mes doigts se tisse
le fil de ma lignée,
devenir femme, cela surgit il d'un coup ?
Une goutte de rosée rouge
arrachée dans la douleur du ventre,
une enfance dont la page s'est si vite tournée,
pourquoi l'antre féminine contient elle tant de mystère ?
Je coule et je me coule dans ce flot grenat,
dans ce long fleuve qui vient nettoyer mes chimères,
mes turbulences et mes fatigues.
Cette rivière rouge est profonde.
Ses crues sont régulières et abondantes.
Elle charrie les caillots de sang des jours exténués.
Elle éteint le rouge feu des colères rentrées et des passions déferlantes.
Elle invente le vent de la déprime
pour me convier à mieux me poser.
Voici venue l'heure des jours bizarres.
A moins que ce ne soit le temps des jours exquis
pendant lesquels Ma Profonde me tient à l'écart de l'ordinaire.
Elle sait que cette opportunité apparaît dans ma vie de femme
pour visiter l'insondable,
pour éclairer l'impénétrable
et pour boire à la source de mon esprit féminin.
Ma profonde me donne la main au cours de ce voyage
peut être inaccessible pour nombre d'hommes,
mais tant chéri par les femmes éveillées.
A cette occasion, elles se retrouvent,
prient, se regardent et s'aiment profondément, avec respect.
Parce que tout au fond d'elles, ces femmes savent que La Profonde fait couler
dans le creux de leur sexe,
l'eau écarlate de la fontaine de vie.
Dans ces instants,
pas de fard, pas de parfum,
des tissus nobles comme le coton et le lin,
quelques huiles naturelles à glisser sur la peau
pour honorer mon corps
qui accueille à la fois l'aube et l'obscurité.
Car Ma Profonde aime à me célébrer
dans ces jours couleur de sang.
extrait de Quelques jours de la vie d'une femme